Résumé du roman « La Modification » de Michel Butor
Léon Delmont, directeur de la succursale parisienne de la société italienne Scabelli, qui produit des machines à écrire, en secret de ses collègues et de sa famille, part quelques jours à Rome. Le vendredi à huit heures du matin, après avoir acheté un roman à la gare pour le lire en route, il monte dans le train et commence son voyage. Il n’est pas habitué à prendre le train du matin – lorsqu’il voyage pour affaires pour l’entreprise, il voyage le soir, et non pas en troisième classe, comme c’est le cas actuellement, mais en première. Mais la faiblesse inhabituelle ne s’explique, à son avis, pas seulement par l’heure matinale – cet âge se fait sentir, car Léon a déjà quarante-cinq ans. Mais, laissant sa femme vieillissante à Paris, Léon se rend à Rome chez sa maîtresse de trente ans, à côté de laquelle il espère retrouver la jeunesse extravertie. Il note d’un coup d’oeil tous les détails du paysage qui changent devant la fenêtre, d’un regard attentif jette un coup d’œil sur ses compagnons de voyage. Il se souvient que sa femme Henriette s’est levée tôt le matin pour lui servir le petit-déjeuner – non pas parce qu’elle l’aime tant, mais pour lui prouver, ainsi qu’à lui-même, qu’il ne peut pas se passer d’elle, même dans les petites choses – et il se demande si elle était allée loin dans ses conjectures quant au véritable but de son voyage actuel à Rome. Léon connaît tout l’itinéraire par cœur, car il se rend régulièrement à Rome pour affaires, et maintenant il répète mentalement les noms de toutes les gares. Lorsqu’un jeune couple assis dans le même compartiment que lui (Léon suppose qu’il s’agit de jeunes mariés faisant presque leur premier voyage ensemble) se dirige vers le wagon-restaurant, Léon décide de suivre leur exemple : bien qu’il ait récemment bu du café, visiter le wagon-restaurant est pour lui. lui une partie indispensable du voyage, est inclus dans son programme. De retour du restaurant, il découvre que sa place préférée, dans laquelle il s’asseyait et avant cela il s’asseyait, est occupée. Léon est ennuyé de ne pas avoir deviné, en partant, de mettre le livre comme signe qu’il reviendrait bientôt. Il se demande pourquoi, dans le voyage qui devrait lui apporter liberté et jeunesse, il ne ressent ni enthousiasme ni bonheur. Est-ce vraiment qu’il a quitté Paris non pas le soir, comme il en avait l’habitude, mais le matin ? Est-il devenu un tel routinier, esclave de l’habitude ?
La décision d’aller à Rome est venue soudainement. Lundi, de retour de Rome, où il était en voyage d’affaires, Léon ne pensait pas y retourner si tôt. Il souhaitait depuis longtemps trouver un emploi à Paris pour sa maîtresse Cécile, mais jusqu’à récemment, il n’avait pris aucune mesure sérieuse dans ce sens. Cependant, mardi, il a appelé l’un de ses clients – le directeur d’une agence de voyages Jean Durier – et lui a demandé s’il connaissait un endroit approprié pour la connaissance de Léon, une femme de trente ans aux capacités extraordinaires. Aujourd’hui, cette dame est secrétaire de l’attaché militaire à l’ambassade de France à Rome, mais elle est prête à accepter un modeste salaire, histoire de retourner à Paris. Durier a appelé le soir même et a déclaré qu’il envisageait de réorganiser son agence et qu’il était prêt à offrir un emploi à une connaissance de Léon à des conditions très avantageuses. Léon se permit d’assurer Durier de l’accord de Cécile. Au début Léon songeait simplement à écrire Cécile, mais le mercredi 13 novembre, jour où Léon avait quarante-cinq ans et où le dîner de fête et les félicitations de sa femme et de ses quatre enfants l’agaçaient, il décida de mettre un terme à cette longue histoire. une farce courante, ce mensonge de longue date. Il prévient ses subordonnés qu’il partirait pour quelques jours et décide de se rendre à Rome pour informer personnellement Cécile qu’il lui a trouvé un logement à Paris et que, dès qu’elle s’installera à Paris, ils vivront ensemble. Léon ne va pas organiser de scandale ou de divorce, il rendra visite aux enfants une fois par semaine et est sûr qu’Henrietta acceptera ses conditions. Léon attend avec impatience combien Cécile sera ravie de son arrivée inattendue – pour la surprendre, il ne l’a pas prévenue – et combien elle sera encore plus ravie lorsqu’elle apprendra que désormais ils n’auront plus à se rencontrer occasionnellement et furtivement, et ils peuvent vivre ensemble et ne pas se séparer. Léon réfléchit dans les moindres détails à la façon dont il l’attendra samedi matin au coin en face de sa maison et à quelle surprise elle sera lorsqu’elle quittera la maison et le verra soudainement.
Le train s’arrête, et Léon décide, à l’instar de son voisin anglais, de se rendre sur le quai pour prendre l’air. Lorsque le train commence à bouger, Léon parvient à nouveau à s’asseoir dans son siège préféré – l’homme qui l’a pris pendant que Léon se dirigeait vers le wagon-restaurant, a rencontré une connaissance et a déménagé dans un autre compartiment. En face de Léon est assis un homme qui lit un livre et prend des notes dans ses marges, probablement enseignant et qui se rend à Dijon pour donner une conférence, très probablement sur des questions juridiques. En le regardant, Léon essaie d’imaginer comment il vit, quel genre d’enfants il a, compare son style de vie avec le sien et arrive à la conclusion que lui, Léon, malgré son bien-être matériel, serait plus digne de pitié qu’un professeur qui étudie ce qu’il préfère, sinon Cécile, avec qui il va commencer une nouvelle vie. Avant que Léon ne rencontre Cécile, il ne ressentait pas un amour aussi fort pour Rome, ne la découvrant que par lui-même avec elle, il était imprégné d’un grand amour pour cette ville. Cécile est pour lui l’incarnation de Rome, et, rêvant de Cécile aux côtés d’Henriette, au cœur même de Paris, il rêve de Rome. Lundi, de retour de Rome, Léon a commencé à s’imaginer comme un touriste qui visite Paris une fois tous les deux mois, au maximum une fois par mois. Pour prolonger le sentiment que son voyage n’est pas encore terminé, Léon ne dînait pas chez lui et ne rentrait que le soir. Il y a un peu plus de deux ans, en août, Léon se rendait à Rome. En face de lui, dans le compartiment, se trouvait Cécile, qu’il n’avait pas encore rencontrée. Il a vu Cécile pour la première fois dans le wagon-restaurant. Ils entamèrent une conversation et Cécile lui dit qu’elle était italienne de mère et qu’elle était née à Milan, mais qu’elle était inscrite sur la liste des citoyens français et qu’elle revenait de Paris, où elle avait passé ses vacances. Son mari, qui travaillait comme ingénieur à l’usine Fiat, est décédé dans un accident de voiture deux mois après le mariage et elle ne se remet toujours pas de l’impact. Léon voulut poursuivre la conversation avec Cécile et, sortant du wagon-restaurant, il passa devant son compartiment de première classe et, suivant Cécile qui voyageait en troisième classe, jusqu’à son compartiment, y resta.
Les pensées de Léon se tournent tantôt vers le passé, puis vers le présent, puis vers le futur, dans sa mémoire, puis des événements anciens, puis récents surgissent, le récit suit des associations aléatoires, répète les épisodes tels qu’ils apparaissent dans la tête du héros – au hasard, souvent de manière incohérente. . Le héros est souvent répété : il ne s’agit pas d’une histoire sur des événements, mais sur la façon dont le héros perçoit les événements.
Léon se rend compte que lorsque Cécile n’est pas à Rome, il ne s’y rendra plus en voyage d’affaires avec le même plaisir. Et maintenant, il va lui parler pour la dernière fois de Rome – à Rome. Désormais, d’eux deux, Léon deviendra Romain, et il voudrait que Cécile, avant de quitter Rome, lui transmette l’essentiel de son savoir, jusqu’à ce qu’ils soient engloutis par la vie quotidienne parisienne. Le train s’arrête à Dijon. Léon descend du train pour se dégourdir les jambes. Pour que personne ne prenne sa place, il lui met un livre acheté dans une gare parisienne et qu’il n’a pas encore ouvert. De retour dans le compartiment, Léon se souvient qu’il y a quelques jours Cécile l’avait accompagné à Paris et lui avait demandé quand il reviendrait, ce à quoi il avait répondu : « Hélas, seulement en décembre ». Lundi, lorsqu’elle l’accompagnera à nouveau à Paris et lui demandera à nouveau quand il reviendra, il lui répondra à nouveau : « Hélas, seulement en décembre », mais pas sur un ton triste, mais sur un ton plaisantant. Léon s’assoupit. Il rêve de Cécile, mais son visage est figé par l’air d’incrédulité et de reproche qui l’a tant frappé lors des adieux à la gare. Et n’est-ce pas parce qu’il veut se séparer d’Henriette, que dans chaque mouvement, dans chaque mot, il y a un éternel reproche ? Au réveil, Léon se souvient qu’il y a deux ans, il s’était également réveillé dans un compartiment de troisième classe, et Cécile somnolait devant lui. Ensuite, il ne connaissait pas encore son nom, mais néanmoins, l’emmenant dans un taxi jusqu’à la maison et lui disant au revoir, il était sûr que tôt ou tard ils se rencontreraient définitivement. En effet, un mois plus tard, il la rencontre par hasard dans un cinéma où était projeté un film français. A cette époque, Léon restait à Rome pour le week-end et aimait la visiter avec Cécile. C’est ainsi que leurs réunions commencèrent.
Ayant imaginé des biographies pour ses compagnons de voyage (certains d’entre eux ont réussi à changer), Léon commence à leur sélectionner des noms. En regardant les jeunes mariés, qu’il baptisa Pierre et Agnès, il se souvient comment il chevauchait autrefois ainsi avec Henriette, sans se douter qu’un jour leur union deviendrait un fardeau pour lui. Il se demande quand et comment dire à Henriette qu’il a décidé de se séparer d’elle. Il y a un an, Cécile est venue à Paris et Léon, expliquant à Henriette qu’il était lié avec elle dans le service, l’a invitée dans la maison. À sa grande surprise, les femmes s’entendaient bien, et si quelqu’un se sentait mal à l’aise, c’était Léon lui-même. Et maintenant, il a une explication avec sa femme. Il y a quatre ans, Léon était à Rome avec Henriette, le voyage n’a pas abouti, et Léon se demande s’il aurait tant aimé sa Cécile si ce malheureux voyage n’avait pas précédé leur connaissance.
Léon se rend compte que si Cécile déménage à Paris, leur relation va changer. Il sent qu’il va la perdre. Il aurait probablement dû lire le roman – après tout, c’est pourquoi il l’a acheté à la gare, afin de passer le temps sur la route et de ne pas laisser les doutes s’installer dans son âme. Après tout, même s’il n’a jamais regardé le nom de l’auteur ni le titre, il ne l’a pas acheté au hasard, la couverture indiquait qu’il appartenait à une certaine série. Le roman parle sans aucun doute d’un homme qui est en difficulté et veut être sauvé, part en voyage et découvre soudain que la route qu’il a choisie ne mène pas du tout là où il pensait être perdu. Il comprend qu’une fois installée à Paris, Cécile va s’éloigner beaucoup plus de lui que lorsqu’elle vivait à Rome, et sera forcément déçue. Il comprend qu’elle lui reprochera que son étape la plus décisive dans la vie se soit transformée en défaite, et que tôt ou tard ils se sépareront. Léon imagine que lundi, après avoir pris le train à Rome, il sera content de ne pas avoir parlé à Cécile du travail qu’il lui a trouvé à Paris et de l’appartement proposé pendant un moment par des amis. Cela signifie qu’il n’a pas besoin de se préparer à une conversation sérieuse avec Henriette, car leur vie commune continuera. Léon se souvient comment lui et Cécile se sont rendus à Rome après son arrivée infructueuse à Paris et lui ont dit dans le train qu’il ne quitterait jamais Rome, ce à quoi Cécile a répondu qu’elle aimerait vivre avec lui à Paris. Des vues de Paris sont accrochées dans sa chambre à Rome, tout comme des vues de Rome sont accrochées dans l’appartement parisien de Léon, mais Cécile à Paris est tout aussi inconcevable et inutile pour Léon qu’Henriette l’est à Rome. Il s’en rend compte et décide de ne pas parler à Cécile du logement qu’il lui a trouvé.
Plus Rome est proche, plus Léon est dur dans sa décision. Il estime qu’il ne doit pas induire Cécile en erreur et, avant de quitter Rome, il doit lui dire directement que, même si cette fois il est venu à Rome uniquement pour elle, cela ne signifie pas qu’il est prêt à lier pour toujours sa vie à elle. Mais Léon a peur que ses aveux, au contraire, lui insufflent espoir et confiance, et que sa sincérité se transforme en mensonge. Il décide cette fois de refuser un rendez-vous avec Cécile, puisqu’il ne l’a pas prévenue de son arrivée.
Dans une demi-heure, le train arrivera à Rome. Léon ramasse un livre qu’il n’a jamais ouvert pendant tout le voyage. Et il pense : « Je dois écrire un livre ; ce n’est qu’ainsi que je pourrai combler le vide qui s’est formé, je n’ai pas de liberté de choix, le train me précipite jusqu’à l’arrêt final, je suis pieds et poings liés, condamné à rouler sur ces rails. » Il comprend que tout restera pareil : il continuera à travailler pour Scabelli, à vivre avec sa famille à Paris et à rencontrer Cécile à Rome, Léon ne dira pas un mot à Cécile de ce voyage, mais elle comprendra peu à peu que le Le chemin de leur amour ne mène nulle part. Plusieurs jours que Léon devra passer seul à Rome, il décide de se consacrer à l’écriture du livre, et lundi soir, sans voir Cécile, il montera dans le train et reviendra. à Paris. Il comprend enfin qu’à Paris Cécile deviendrait une autre Henriette et que dans leur vie commune surgiraient les mêmes difficultés, mais encore plus douloureuses, puisqu’il se souviendrait constamment que la ville, qu’elle aurait dû lui rapprocher, – longtemps Léon voudrait montrer dans son livre quel rôle Rome peut jouer dans la vie d’une personne vivant à Paris. Léon réfléchit à la manière de faire comprendre à Cécile et de lui pardonner que leur amour s’est avéré être ici un mensonge. peut aider, dans lequel Cécile apparaîtra dans toute sa beauté, dans l’auréole de la grandeur romaine qu’elle incarne si pleinement. Le plus raisonnable n’est pas de chercher à réduire la distance qui sépare ces deux villes, mais à la distance réelle s’ajoutent aussi des transitions et des points de contact directs, lorsque le héros du livre, marchant non loin du Panthéon parisien, se rend soudain compte qu’il s’agit d’une des rues proches du Panthéon romain.
Le train approche de la gare Termini, Léon se souvient comment, immédiatement après la guerre, lui et Henriette, de retour de leur voyage de noces, ont murmuré lorsque le train partait de la gare Termini : « Nous reviendrons dès que possible. Et voilà que Léon promet mentalement à Henriette de revenir avec elle à Rome, car ils ne sont pas encore si vieux. Léon veut écrire un livre et faire revivre au lecteur un épisode décisif de sa vie – un changement qui s’est produit dans son esprit alors que son corps se déplaçait d’une station à l’autre devant les paysages qui défilaient devant la fenêtre. Le train arrive à Rome. Léon sort du compartiment.