Résumé de « Le Neveu de Rameau » de Denis Diderot

L’œuvre est écrite sous forme de dialogue. Ses héros sont le narrateur (c’est-à-dire Diderot lui-même) et le neveu de Jean-Philippe Rameau, le plus grand représentant du classicisme dans la musique française de l’époque de Diderot. Le narrateur caractérise d’abord le neveu de Rameau : il le considère comme « l’une des créatures les plus bizarres et les plus étranges de cette région » ; il ne se vante pas de ses bonnes qualités et n’a pas honte des mauvaises ; il mène une vie chaotique : aujourd’hui en haillons, demain dans le luxe. Mais, selon le narrateur, lorsqu’une telle personne apparaît dans la société, elle amène les gens à se débarrasser du masque laïc et à découvrir leur vraie nature.

Le neveu de Rameau et le narrateur se rencontrent par hasard dans un café et entament une conversation. Le thème du génie se pose ; Le neveu de Rameau estime qu’on n’a pas besoin de génies, puisque le mal apparaît toujours dans le monde par quelque génie ; d’ailleurs les génies dénoncent les illusions, et pour les peuples il n’y a rien de plus nuisible que la vérité. Le narrateur objecte que si un mensonge est utile pendant une courte période, alors avec le temps il s’avère nuisible, et la vérité est utile, et il existe deux sortes de lois : certaines sont éternelles, d’autres sont transitoires, n’apparaissant qu’en raison de la cécité des gens ; le génie peut être victime de cette loi, mais le déshonneur finira par retomber sur ses juges (exemple de Socrate). Le neveu de Rameau soutient qu’il vaut mieux être un honnête marchand et un gentil garçon qu’un génie de mauvaise humeur, donc dans le premier cas, une personne peut accumuler une grosse fortune et la dépenser pour les plaisirs des siens et de ceux de ses voisins. Le narrateur objecte que seules les personnes vivant à proximité de lui souffrent du mauvais caractère d’un génie, mais au fil des siècles, ses œuvres obligent les gens à être meilleurs, à cultiver en eux-mêmes de hautes vertus : bien sûr, il vaudrait mieux que le génie soit aussi vertueux comme il est grand, mais nous accepterons d’accepter les choses telles qu’elles sont. Le neveu de Rameau dit qu’il aimerait être un grand homme, un compositeur célèbre ; alors il aurait toutes les bénédictions de la vie et il jouirait de sa gloire. Puis il raconte comment ses clients l’ont chassé, car une fois dans sa vie, il a essayé de parler comme une personne sensée, et non comme un imbécile et un fou. Le narrateur lui conseille de retourner auprès de ses bienfaiteurs et de demander pardon, mais l’orgueil monte chez le neveu de Rameau et il dit qu’il ne peut pas le faire. Le narrateur l’invite alors à mener la vie d’un mendiant ; Le neveu de Rameau répond qu’il se méprise, car il pourrait vivre luxueusement, être un cintre pour les riches, remplissant leurs missions délicates, mais il n’utilise pas ses talents. En même temps, avec une grande habileté, il joue toute une scène devant son interlocuteur, s’assignant le rôle d’un proxénète.

Le narrateur, indigné par le cynisme de son interlocuteur, propose de changer de sujet. Mais avant cela, Rameau parvient à jouer encore deux scènes : d’abord il représente un violoniste, puis, avec le même succès, un pianiste ; après tout, il n’est pas seulement le neveu du compositeur Rameau, mais aussi son élève et un bon musicien. Ils parlent de l’éducation de la fille du narrateur : le narrateur dit que les danses, le chant et la musique lui seront enseignés au minimum, et que la place principale sera donnée à la grammaire, à la mythologie, à l’histoire, à la géographie, à la morale ; il y aura aussi de la peinture. Le neveu de Rameau estime qu’il sera impossible de trouver de bons professeurs, car il faudrait qu’ils consacrent toute leur vie à l’étude de ces matières ; selon lui, l’enseignant le plus compétent aujourd’hui est celui qui a le plus de pratique ; alors lui, Rameau, venant en classe, prétend qu’il a plus de leçons que d’heures dans une journée. Mais maintenant, selon lui, il donne bien des leçons, et avant il n’était payé pour rien, mais il n’avait aucun remords, puisqu’il prenait de l’argent non pas honnêtement gagné, mais volé ; après tout, dans la société, toutes les classes se dévorent (la danseuse arrache de l’argent à celui qui l’entretient, et les modistes, le boulanger, etc., lui arrachent de l’argent). Et ici, les règles générales de la morale ne conviennent pas, car la conscience générale, comme la grammaire générale, autorise des exceptions aux règles, ce qu’on appelle « l’idiotie morale ». Le neveu de Rameau dit que s’il devenait riche, il mènerait une vie pleine de plaisirs sensuels et ne prendrait soin que de lui-même ; en même temps, il constate que son point de vue est partagé par tous les riches. Le narrateur objecte qu’il est bien plus agréable d’aider le malheureux, de lire un bon livre, etc. ; pour être heureux, il faut être honnête. Rameau répond que, selon lui, toutes les prétendues vertus ne sont que vanité. Pourquoi défendre la patrie, elle n’existe plus, mais il n’y a que des tyrans et des esclaves ; aider ses amis, c’est en faire des ingrats ; et occuper une position dans la société n’est que pour devenir riche. La vertu est ennuyeuse, elle fait froid dans le dos, c’est une chose très inconfortable ; et les gens vertueux se révèlent être des hypocrites, chérissant des vices secrets. Il vaut mieux le laisser compenser son bonheur par les vices qui lui sont particuliers, que de se déformer et d’être hypocrite pour paraître vertueux quand cela détournera de lui ses patrons. Il raconte comment il s’est humilié devant eux, comment, pour le bien de ses « maîtres », lui et une compagnie d’autres parasites ont vilipendé des scientifiques, des philosophes et des écrivains remarquables, dont Diderot. Il démontre sa capacité à prendre les bonnes postures et à prononcer les bons mots. Il dit lire Théophraste, La Bruyère et Molière, et conclut : « Gardez vos vices, qui vous sont utiles, mais évitez leur ton et leur apparence inhérents, qui peuvent vous rendre drôle. Pour éviter ce comportement, vous devez le savoir,et ces auteurs l’ont très bien décrit. Il n’est drôle que quand il le veut ; il n’y a pas de meilleur rôle auprès des puissants de ce monde que celui d’un bouffon. Vous devriez être ce qui est bénéfique ; si la vertu pouvait conduire à la richesse, il serait vertueux ou prétendrait l’être. Le neveu de Rameau calomnie ses bienfaiteurs et dit en même temps : « Quand on décide de vivre avec des gens comme nous <…>, il faut attendre d’innombrables sales coups. » Cependant, les gens qui accueillent chez eux des mercenaires, des imbéciles vils et perfides savent parfaitement ce qu’ils font ; tout cela est prévu par un accord tacite. Il est inutile d’essayer de corriger la dépravation innée ; ce n’est pas la loi humaine qui doit punir de telles illusions, mais la nature elle-même ; pour le prouver, Rameau raconte une histoire sordide. L’interlocuteur de Rameau se demande pourquoi le neveu de Rameau révèle si franchement, sans hésiter, sa bassesse. Rameau répond qu’il vaut mieux être un grand criminel qu’un petit salaud, car le premier impose un certain respect pour l’ampleur de sa méchanceté. Raconte l’histoire d’un homme qui a dénoncé l’Inquisition sur son bienfaiteur, un juif, qui lui a fait confiance sans cesse et a également volé ce juif. Le narrateur, découragé par cette conversation, change à nouveau de sujet. Il s’agit de musique ; Rameau exprime des jugements justes sur la supériorité de la musique italienne (Duni, Pergolèse) et des amateurs d’opéra-comique italiens sur le classicisme musical français (Lully, Rameau) : dans l’opéra italien, selon lui, la musique correspond au mouvement sémantique et émotionnel de la parole, la parole s’adapte parfaitement à la musique ; et les airs français sont gauches, lourds, monotones, contre nature. Le neveu de Rameau représente très adroitement toute une salle d’opéra (instruments, danseurs, chanteurs), reproduit avec succès des rôles d’opéra (il a généralement de grandes capacités pour la pantomime). Il exprime des jugements sur les défauts de la poésie lyrique française : elle est froide, inflexible, il lui manque ce qui pourrait servir de base au chant, l’ordre des mots est trop rigide, le compositeur est donc incapable d’en disposer de tout et de chaque partie. . Ces jugements sont évidemment proches de ceux de Diderot lui-même. Le neveu de Rameau dit aussi que les Italiens (Duni) apprennent aux Français à rendre la musique expressive, à subordonner le chant au rythme, aux règles de la déclamation. Le narrateur demande comment lui, Rameau, est si sensible aux beautés de la musique, si insensible aux beautés de la vertu ; Rameau dit qu’elle est innée (« la molécule paternelle était dure et rugueuse »). La conversation tourne autour du fils de Rameau : le narrateur demande si Rameau veut tenter de supprimer l’influence de cette molécule ; Ramo répond que cela ne sert à rien. Il ne veut pas enseigner la musique à son fils, car cela ne mène à rien ; il inculque à l’enfant que l’argent est tout et veut enseigner à son fils les moyens les plus simples de s’assurer qu’il est respecté, riche et influent. Le narrateur constate que Rameau n’est pas un hypocrite, confesser les vices inhérents à lui et aux autres ; il est plus franc et plus cohérent dans sa dépravation que les autres. Le neveu de Rameau dit que le plus important n’est pas de développer chez l’enfant les vices qui l’enrichiront, mais de lui inculquer le sens des proportions, l’art d’échapper à la honte ; selon Rameau, tout vivant recherche le bien-être aux dépens de ceux dont il dépend. Mais son interlocuteur veut passer du thème de la morale à la musique et demande à Rameau pourquoi, avec son instinct de bonne musique, il n’a rien créé de significatif. Il répond que la nature l’a ainsi ordonné ; en outre, il est difficile de ressentir profondément et d’élever son esprit lorsqu’on évolue parmi des gens vides de sens et des ragots bon marché.

Le neveu de Rameau évoque quelques-unes des vicissitudes de sa vie et conclut que nous sommes régis par des « accidents maudits ». Il dit que seul le monarque se promène dans tout le royaume, les autres ne font que poser. Le narrateur objecte que « le roi prend la pose devant sa maîtresse et devant Dieu », et que dans le monde tous ceux qui ont besoin de l’aide d’autrui sont obligés de « se livrer à la pantomime », c’est-à-dire de représenter divers sentiments enthousiastes. Seulement le philosophe ne recourt pas à la pantomime, puisqu’il n’a besoin de rien (il cite en exemple Diogène et les Cyniques), Rameau répond qu’il a besoin de divers bienfaits de la vie, et qu’il les doit plutôt à des bienfaiteurs qu’à des bienfaiteurs. les obtenir par le travail. Puis il se rend compte qu’il est temps pour lui d’aller à l’opéra, et le dialogue se termine par son souhait de vivre encore quarante ans.

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