Aux Comores, l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi enfermé pour délit de popularité et d’offensive religieuse
L’ancien président des Comores, Ahmed Abdallah Sambi, est depuis son retour au pays, objet des plusieurs mesures liberticides, injustes et inacceptables. Premièrement, Il a été interdit de se rendre à l’île d’Anjouan, territoire des Comores, où il a sa famille et ses activités économique par la sécurité de l’Aéroport Prince Said Ibrahim de Hahaya.
Monsieur Sambi, prêcheur reconnu dans toutes les villes et villages de 4 îles, depuis plus de 2 décennies, s’est vu également refuser le droit de prêcher dans les mosquées de la capitale des Comores, Moroni, par une note signée par le préfet de la ville pour une raison de « sécurité religieuse », stipule la note. Oustadh Sambi préparait-il une offensive religieuse contre l’imamat de l’Imam président Azali Assoumani ? On n’en sait rien à ce sujet. Il faut rappeler qu’avant cette note, le ministre de l’intérieur, Mohamed Daoud, avait fait savoir son intention de mettre en place une carte pour les prêcheurs sans préciser les conditions à remplir pour en bénéficier. Cette procédure d’encarter les prêcheurs est vu, par beaucoup des Comoriens, comme un moyen pour le pouvoir, d’écarter de l’espace public, des mosquées, des radios, des télévisions et des « madjiliss », tous les imams qui ne prêcheraient pas l’hymne du parti et le maintien du colonel Azali au pouvoir jusqu’en 2030. L’« encartement » va être utilisé comme une procédure de recrutement et d’enrôlement des imams, ces grands électeurs, dans la mouvance présidentielle. L’émergence promise est –elle théocratique ? Il est clair, le pouvoir courtise les imams et veut compter sur leur influence pour battre campagne dans les « madjiliss » avant le 30 juillet 2018, date à laquelle le colonel Azali veut ferrer le peuple au dos, par référendum pour une constitution cousue à sa taille et à son goût du pouvoir.
Troisièmement, une note du tout puissant ministre de l’intérieur, Mohamed Daoud, qualifié par ses collègues ministres pour ses ingérences et piétinements de « ministre de tout », met Monsieur Sambi en résidence surveillée. Il est reproché à Sambi d’être apparu en public, devant une foule nombreuse, venue l’encenser. Le pouvoir se demande pourquoi Sambi ose-t-il apparaitre en public ? Pourquoi se laisse-t-il aimer et aduler par le peuple ? Où va le pays mes chers compatriotes ? Le gouvernement d’Azali et Kiki qui cultive la haine entre Comoriens trouve anormal qu’un ancien président soit aimé et salué par son peuple. Azali peut-il ôter Sambi des cœurs des Comoriens ? Je crains qu’on interdise, demain, à nos enfants et à nos femmes de nous dire qu’ils nous aiment sans avoir au préalable l’autorisation du président.
Par cette mesure de mise en résidence surveillée, qui n’a rien à voir avec la citoyenneté économique, les autorités comoriennes viennent d’ajouter un nouveau délit dans le code pénal. Désormais, aux Comores, personne (artiste, politique, sportif, enseignant, entrepreneur …) n’a le droit d’être star, d’être plus aimée que le président en exercice. L’ancien président Ahmed Abdallah Sambi est privée de ses libertés et interdit de discours à cause de la hausse de sa popularité qui fait de l’ombre au président actuel. Même chez-lui, dans sa résidence personnelle, il n’a pas le droit de prêcher la parole d’Allah en ce mois béni de ramadan. Le président Sambi paie pour sa popularité et son opposition à la restauration de la dictature. Azali cherche par tous les moyens à tuer politiquement le leader charismatique de l’opposition. Il connait combien Sambi pèse politiquement dans ce pays. C’est pourquoi Azali retourne le pouvoir, gendarmes, policiers, douaniers, radios et télévisions nationales pour le détruire.
« Chasser la naturel, il revient au galon », disait Destouches. Le colonel Azali, bien qu’élu démocratiquement en 2016, sort des placards ses recettes d’ancien putschiste. Il est atteint par la boulimie du pouvoir, la maladie du troisième et quatrième mandats. Il se veut roi incontestable, incontesté et président à vie. Il est hostile à toute contestation. Il démolit les espaces de liberté et anéantit les contre-pouvoirs. L’état de droit et les libertés sont violés au quotidien. On note pour ces deux ans de pouvoir d’Azali 2 (mai 2016-mai2018), la fermeture des radios, arrestations et emprisonnements des journalistes, des députés du peuple frappés et gazés par des hommes en tenue militaire. Ces policiers et gendarmes, par leur agissement, souillent l’uniforme de la gendarmerie et de police nationales. Interdiction de manifester. Dissolution par décret du président de l’organe chargé de la lutte contre la corruption. La cour constitutionnelle est mise à mort, ses prérogatives vidées et transférées à la cour suprême. A la cour suprême, c’est le président qui nomme tous les membres, tous les acquis à ses causes qui lui témoigneront fidélité et gratitude. Voilà, la dictature est de retour avec une justice aux ordres, et une cour suprême des copains et zéro opposition. L’émergence vire à la dégénérescence.
Djambae WAHIB