Analyse du roman « La Vie de Marianne » de Pierre de Marivaux
Le succès de La Vie de Marianne doit beaucoup à l’adéquation parfaite entre l’auteur, son époque, les personnages et les lecteurs. Dans cette œuvre, Marvaux a fait preuve d’un niveau de perspicacité et d’éloquence qui surpassait beaucoup d’autres, décrivant habilement le sujet avec des détails riches et fidèles à la réalité. Le récit, avec ses rebondissements complexes, tisse sans heurts de nombreux incidents, étroitement liés à l’intrigue, renforçant son attrait tout en retardant la résolution. Marivaux dépeint sans effort des personnages qui non seulement ressemblent à des individus précis, mais capturent également l’essence des gens en général, en particulier ceux de son époque.
La Vie de Marianne a trouvé un écho auprès de ses contemporains, qui ont aimé suivre le parcours d’une jeune orpheline issue de milieux modestes, confrontée à des épreuves difficiles avant d’atteindre la reconnaissance et la fortune, même si les détails restent inconnus en raison du caractère inachevé du roman.
Marivaux a utilisé avec efficacité le genre romanesque pour peindre une image vivante et jamais monotone du monde diversifié du XVIIIe siècle. Dans une innovation romanesque, l’intellect donne vie au récit aux côtés de la passion, entrelacée de réflexions perspicaces parfaitement intégrées à l’action. Représentations, réflexions et anecdotes s’entremêlent de manière charmante, se mettant mutuellement en valeur. Les personnages sont méticuleusement étudiés, ce qui leur donne une vie tangible.
Le retrait total de l’auteur du récit, permettant à Marianne de parler directement, renforce l’illusion et la maintient sans aucun doute dans l’esprit du lecteur. Marianne semble si authentique qu’il est difficile pour le lecteur de ne pas croire qu’il lit le récit d’une personne qui a véritablement joué un rôle central dans les aventures racontées.
Les personnages sont bien définis, fermes et soutenus. Marivaux fait de son héroïne un exemple de raison prématurée, d’intelligence, de distinction et de beauté. Le mystère qui entoure sa naissance ajoute de la crédibilité aux attributs qui lui sont attribués, intensifiant l’intérêt qu’elle suscite. Marianne incarne un mélange de franchise, de fierté et de raison, imprégné d’une pointe de coquetterie qui semble naturelle et sans effort.
La Vie de Marianne est une œuvre d’art, le récit à la première personne se révélant un excellent choix pour une femme du monde qui partage ses confidences tout en réfléchissant au passage du temps. Lorsqu’elle raconte ses impressions de jeunesse, Marianne dégage l’aura d’une grande dame. Si les années ont pu tempérer la vivacité de Marianne, devenue comtesse, et introduire dans son expression une touche de détachement de l’habitude du bonheur, les remarques, réflexions et analyses sentimentales qu’elle tisse dans son récit sembleraient refroidir les passions si le lecteur imaginait qu’elles émanaient de la plume d’un observateur naïf.
La douzième partie de La Vie de Marianne a été entièrement écrite par Marie-Jeanne Riccoboni . En son temps, on lui a fait des éloges pour avoir adopté avec brio le style de Marivaux, mais cette impression de fidélité à l’original n’a pas perduré jusqu’à l’époque moderne.